Eco-score alimentaire : utile et efficace… mais pérenne ?

L’eco-score alimentaire est un élément de l’affichage environnemental, qui est lui-même partie intégrante de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (loi AGEC, article 15).

L’objectif est « d’apporter au consommateur une information relative aux caractéristiques environnementales […] d’une catégorie de biens ou de services, basée principalement sur une analyse du cycle de vie ».

Initialement dédié aux secteurs du textile d’habillement et de l’ameublement, l’affichage environnemental se développe désormais dans le secteur alimentaire.

L’eco-score alimentaire : une action privée, une initiative récente, une réponse efficace

L’eco-score s’inscrit dans la mouvance de l’affichage environnemental. C’est un indicateur issu d’une initiative privée menée par un groupement d’une dizaine d’acteurs partageant l’ambition de développer un outil simple permettant de mesurer, pour le réduire, l’impact environnemental de l’alimentation (voir la liste des acteurs en figure ci-dessous [1]).

Eco-score alimentaire

Disponible depuis le 7 janvier 2021, l’eco-score permet de classer les produits alimentaires en 5 catégories : de A (pour les produits à l’empreinte environnementale la plus faible) à E (pour ceux ayant le plus fort impact). Il est le premier indicateur de l’impact environnemental sur ce segment et a pour ambition d’être un outil d’aide à la décision vers un mode de consommation plus durable.

L’objectif du groupement est évidemment de faire converger, à terme, leur indicateur avec le système d’affichage environnemental encadré par les pouvoirs publics.

Un socle technique robuste et large

Le calcul du score fait intervenir deux strates distinctes. La première est l’analyse de cycle de vie (ACV) reprise de la base de données Agribalyse de l’Ademe :  une méthodologie normée au niveau international qui calcule les impacts environnementaux d’une catégorie de produits, du champ à l’assiette. Il en découle un premier score de base, sur 100 points.

La seconde est un complément faisant intervenir un système de cinq bonus-malus [1] :

  1. Existence de systèmes de production labellisés : 5 à 20 points de bonus, en fonction des bénéfices engendrés.
  2. Origine des ingrédients du produit : de 0 à 15 points.
  3. Différences systémiques liées au pays de production : politique du pays en matière d’environnement (normes de rejets, production d’électricité, biodiversité…) : de -5 à +5 points.
  4. Malus emballage déterminé pour rendre compte du niveau de « circularité » (recyclabilité et intégration de matière première recyclée) : de 0 à -15 points.
  5. Prise en compte des espèces menacées : épuisement du stock de poissons et déforestation massive liée à la culture de palmier à huile (lié au risque de disparition d’espèces) : de 0 à -10 points.

L’Eco-score final se construit via un résultat (sur 100) augmenté ou diminué des 5 bonus-malus. Le score résultant, toujours sur 100, détermine la classe finale de l’Eco-score, voir ci-dessous [1].

L’eco-score n’a que quelques mois ; peu d’applications existent à ce stade et ce sont celles des concepteurs, Yuka en tête. L’objectif est partout le même : afficher le résultat de l’eco-score et proposer des données pertinentes pour le consommateur sur les éléments environnementaux lié au produit alimentaire scanné via son bar-code.

Réaction positive des acteurs du secteur alimentaire

Les précédents outils de calcul des impacts environnementaux, selon la grille des données Agribalyse de l‘Ademe, avait fait l’objet de vives critiques de la part de nombreuses associations ou ONG, dont l’UFC-Que Choisir, Greenpeace, Générations futures, Agir pour l’environnement… mais aussi de la part de plusieurs structures de la filière bio (Fnab, Synabio, NatexBio…) et du syndicat agricole Confédération paysanne, qui avaient d’ailleurs demandé la suspension de la publication des scores selon cette méthode [2] [3] [4].

La raison était double : les résultats étant exprimés par kg d’aliment produit et ils avaient tendance, selon eux, à avantager les systèmes intensifs face aux systèmes extensifs et bio. Ils regrettaient d’autre part l’absence de prise en compte des enjeux environnementaux non représentés par l’ACV, comme la biodiversité, la protection des espèces menacées, ou encore l’approvisionnement local.

Pour ces raisons, l’Eco-score a donc été accueilli favorablement par la plupart des acteurs engagés, comme le commente Charles Pernin, délégué général du Syndicat des entreprises agroalimentaires bio (Synabio) : « La démarche va dans le bon sens, car elle vise à améliorer les biais des résultats d’Agribalyse. Le fait que soient ajoutés ou retranchés des points en fonction de l’appartenance à un label, la distance parcourue ou la saisonnalité est une très bonne chose » [4].

Pourquoi l’avenir de l’eco-score alimentaire est malgré tout incertain?

Au niveau national, une expérimentation est en cours ; elle est pilotée conjointement par l’Ademe et le Ministère de la transition écologique et solidaire. L’objectif est l’analyse d’un nombre important de solutions et la détermination d’un procédé d’affichage environnemental pouvant être appliqué en France, dans le secteur alimentaire [5].

Pour l’eco-score et ses concepteurs, tout l’enjeu est là : cette expérimentation a pour but de déterminer les meilleurs candidats à l’affichage environnemental de la loi Agec. L’eco-score, puisqu’il est le plus représenté à ce stade, est évidemment le mieux placé. Mais les résultats définitifs de la concertation en cours sont incertains et ne seront rendus qu’à l’hiver prochain ; nous saurons alors si le modèle d’affichage environnemental déployé autour de nos produits alimentaires sera toujours l’eco-score ou s’il faudra changer de paradigme.

A suivre.

Eco-score alimentaire – Références

[1] Site officiel de l’eco-score, https://docs.score-environnemental.com.
[2] L’Ecoscore risque de promouvoir l’agriculture intensive, Que choisir, 17 décembre 2020.
[3] Environnement: «L’Ecoscore est-il une chance ou une supercherie?», Figarovos, mars 2021.
[4] Un « Eco-score » des produits alimentaires pour mieux informer les consommateurs, Le Monde, 12 janvier 2021.
[5] Affichage environnemental dans le secteur alimentaire : expérimentation 2020/2021, Ademe, 20 mai 2021.
> illustration : image issue de la charte eco-score.

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