Emballage, environnement : raisonnons globalement
Pourquoi doit-on raisonner globalement en matière d’emballage et d’environnement ?
Parce qu’il n’existe pas d’emballage sans produit ou denrée alimentaire, et que ce couple joue ensemble un rôle sur l’environnement. Parce que l’on est souvent tenté de choisir tel ou tel matériau d’emballage par rapport à un indicateur précis, sans tous les évaluer, globalement. Enfin parce que cette notion de « globalité » est au coeur des évolutions de l’affichage environnemental, qui dépend de la loi Agec, dont certains décrets sont en cours de finalisation.
Environnement : emballage & denrée : une contribution très inégale aux émissions de GES
La contribution environnementale des emballages doit être évaluée à l’aune de celle du produit complet: emballage + denrée. Et il s’avère que cette contribution est généralement faible.
Celle-ci dépend bien sûr du type d’emballage, du type de produit et du critère environnemental étudié, mais, selon une étude menée en 2011 dans le secteur alimentaire par une équipe de chercheurs suédois, elle est essentiellement comprise entre 1 et 15%. Parmi les 15 couples aliment / emballage testés, cette fourchette n’a été dépassée que 2 fois : pour la consommation d’énergie lors de la réalisation d’un flacon de ketchup : 52% et pour l’émission de GES de ce même produit : 32% [1].
D’autres études, issues de sources hétérogènes, montrent une tendance équivalente [2] [3] [4]. Finalement : l’emballage est un outil de protection de l’essentiel : le produit ou la denrée alimentaire qu’il contient, et, ce faisant, il contribue finalement à éviter l’impact environnemental supérieur qui résulterait de la dégradation de cette denrée.
Parce que le gaspillage a un coût colossal : selon France Nature Environnement et l’Ademe [5] [6], le gaspillage alimentaire représente environ 10% de nos émissions de GES (c’est à dire plus de 20 fois les émissions liées aux transports en France). La perte en eau est aussi un sujet ; elle représente 250 km3 (soit plus de 4500 fois la consommation annuelle d’un français moyen). Perdre la nourriture n’est donc pas qu’un non-sens économique et social… c’est également une gabegie environnementale.
Des indicateurs environnementaux à traiter globalement
Le choix des matériaux d’emballage doit lui aussi répondre à une approche globale. En effet, ceux-ci présentent des propriétés physiques et des enjeux très différents, voire opposés. Prenons deux exemples pour simplifier : ceux qui jouent un rôle dans la pollution des océans sont également ceux dont la fabrication émet le moins de CO2 (les plastiques) ; ceux qui se recyclent le mieux sont également ceux dont la fabrication demande le plus d’énergie et de ressources (l’acier, le verre notamment)…
Il n’existe pas de vérité universelle, aucun matériau n’est bon ou mauvais, ni adapté à l’ensemble des situations ; c’est la raison pour laquelle chaque emballage doit être évalué au regard de toutes ses caractéristiques et de tous les impacts associés. Cette façon de raisonner rejoint par ailleurs la logique des analyses en cycle de vie, majoritairement utilisées pour qualifier dans leur entièreté les impacts des produits ou procédés.
Voir l’étude en référence [1]
Approche globale contre greenwashing : l’affichage environnemental en renfort
L’Ademe pilote le projet d’affichage environnemental (dépendant de la loi Agec) en ayant en tête la lutte contre le « green washing », c’est à dire l’utilisation « d’affirmations infondées, biaisées ou partielles visant à faire paraitre un produit plus écologique qu’il ne l’est en réalité ».
En ce sens cet outil est effectivement une bonne réponse : des mesures chiffrées sont recherchées, concernant des critères environnementaux complets. Une logique scientifique sérieuse, basée sur l’approche globale que nous défendons, permet de rendre plus difficile la mise en avant d’arguments environnementaux abusifs mais surtout très souvent parcellaires.
Emballage et environnement – Références
[1] Environmental impact of packaging and food losses in a life cycle perspective: a comparative analysis of five food items; Helen Williams & al.; Faculty for Technology and Sciences, Karlstad University, Sweden; Journal of Cleaner Production 19, 2011.
[2] Packaging, blessing in disguise. Review on its diverse contribution to food sustainability; Fabio Licciardello; University of Catania, Italy; Trends in Food Science & Technology 65, 2017.
[3] Environmental sustainability of liquid food packaging: Is there a gap between Danish consumers’ perception and learnings from life cycle assessment? S. Boesen & al., Technical University of Denmark, Journal of Cleaner Production, 2019.
[4] Comparative life cycle assessment of alternative systems for wine packaging in Italy, Department of Industrial Engineering, University of Salerno, Italy, Journal of Cleaner Production, Volume 259, June 2020.
[5] Pertes et gaspillages alimentaires : l’état des lieux et leur gestion par étapes de la chaine alimentaire, mai 2016, Ademe.
[6] Fiche gaspillage alimentaire et climat, action commune SERD / Ademe, Juin 2015.
> illustration : image sous licence standard, Shutterstock
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