Plastique > emballages > #moisdelocéan : une marée de données
Juin 2021 : mois de l’océan. Pollution, plastique, emballages, océans… tellement de sujets et de chiffres ont circulé ces dernières semaines que nous proposons à notre tour un bilan, en récapitulant les points forts de ce que les études les plus récentes nous enseignent, de façon fiable.
1. Le PLASTIQUE représente la pollution MAJORITAIRE.
Si l’on parle de la part des déchets plastiques d’une taille suffisante pour être détectés et collectés (sur les plages et le proche océan), les sources concordent : elle représente environ 75% de la pollution totale retrouvée (+/- 10%). Le volume des détritus analysés (des dizaines de millions) rend cette première donnée incontestable [1-3].
2. La pollution NE PROVIENT PAS essentiellement des FLEUVES ET RIVIERES.
Cette idée reçue résulte de la mauvaise interprétation d’une étude publiée par National Geographic en juin 2019. Celle-ci affirmait que « 10 fleuves représentent 90% des déchets plastiques qui se retrouvent dans les océans », sans préciser qu’il s’agissait de déchets fluviaux (10 fleuves représentent 90% des déchets de tous les fleuves) [8]. National Geographic a corrigé un mois plus tard. Trop tard.
Cette voie est au contraire ultra-minoritaire ; on estime leur contribution à quelques pourcents seulement (jusqu’à 12% en Méditerranée). C’est sur terre, et à proximité de la mer ou de l’océan que nos activités créent majoritairement la pollution. Selon WWF, en Méditerranée par exemple, les loisirs / tourisme côtiers génèrent 79% de la pollution de celle-ci. Au niveau mondial, les déficiences des pays en développement dans le traitement des déchets (bien souvent importés des pays riches) sont la cause principale [4-5].
3. Les EMBALLAGES alimentaires représentent la PLUS GRANDE PART.
La part des emballages alimentaires retrouvés dans les détritus est majoritaire. Mais elle dépend fortement de la localisation : elle varie de 30% sur les plages à 50% environ dans la zone maritime proche. Cette part est plus faible en haute mer. Les valeurs moyennes sont compatibles avec les données de production des emballages, qui s’élève à environ 40% du plastique total ; tout cela est donc cohérent et consolide ces estimations [1-3] [6].
4. La part de ces EMBALLAGES dépend fortement de leur NATURE.
Les produits les plus retrouvés, et donc les plus polluants, sont les emballages alimentaires nomades : bouteilles (eau, sodas), papiers d’emballage alimentaire (wrappers pour ships et bonbons notamment) et emballages pour alimentation à emporter. Ils représentent à eux trois une grande partie de la pollution. La part des autres emballages est moins significative (voir figure bas de page). Encore une fois, nos activités terrestres, dont les loisirs et le tourisme côtier, expliquent en partie cette statistique [1-3].
5. Le plastique qui ENTRE EN MER… revient SUR TERRE.
Depuis plusieurs années on cherche le « plastique manquant des océans » ; les modélisations ne mettent en évidence qu’une toute petite partie de ce qui est rejeté en mer et qui se regroupe dans des gyres océaniques. L’hypothèse actuelle est que le plastique coule dans les fosses profondes où il devient indétectable. Mais certaines études récentes font état d’un constat bien différent : le plastique… retourne à terre. Une étude australienne d’envergure (118 sites analysés sur toute la côte du continent) avance ainsi que 90% des débris plastiques marins pourraient s’échouer rapidement dans la zone littorale, jusqu’à 8 km dans les terres [7].
Pollution plastique océan – Références
[1] An inshore–offshore sorting system revealed from global classification of ocean litter, C. Morales-Caselles & al., Nature Sustainability, June 2021.
[2] Plastic rivers, reducing the plastic pollution on our doorstep, Earthwatch Institute, rapport 2019.
[3] Team ocean report, International Coastal Cleanup, 2020.
[4] Stoppons le torrent de plastique ! WWF, rapport 2019.
[5] Pollution plastique : ces idées reçues qui nous mènent en bateau, juin 2021, Simon BERNARD, Président de Plastic Odyssey.
[6] Plastics, the Facts 2019, an analysis of European plastics production, demand and waste data, PlasticsEurope 2019.
[7] Coastal margins and backshores represent a major sink for marine, A. Olivelli & al., Environ. Res. Lett. 15 (2020).
[8] Non, cette étude ne démontre pas que 90% du plastique présent dans les océans provient de 10 fleuves, AFP, factuel.afp.com, M. Scalici et M. Lefèvre, juillet 2019.
NR. Pollution des océans par le plastique, Natural development, 2020.
> illustration : image à la Une : creative commons, Matryx, Pixabay
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