Nutri-score vs Nova-score… en France : un match inégal

Les scores alimentaires ont le vent en poupe. En France, le Nutri-score bénéficie de données hétérogènes et robustes. Par ailleurs elles sont nombreuses (presque une centaine d’études), s’échelonnent sur plusieurs années et sont issues de travaux internationaux pour presque la moitié. On peut donc parler d’une approche indépendante ! Et ces études montrent sans équivoques que le gain en matière de santé publique est réel.

Ce Nutri-score français est challengé par un « concurrent » principal : le Nova-score. En quoi consiste celui-ci ? Quelles sont les différences entre ces deux scores alimentaires ? Quel est celui qui est le mieux représenté et pourquoi ? Nous tentons de répondre à ces questions dans cet article synthétique.

-> Voir également : Eco-score alimentaire : utile et efficace… mais pérenne ?

NUTRI-SCORE

A la suite d’une demande du Ministère des Solidarités et de la Santé, Santé publique France a créé un système d’étiquetage nutritionnel nommé Nutri-Score. Celui-ci peut être apposé à l’avant des emballages par les producteurs sur leurs produits (volontairement). L’objectif de ce programme est la fourniture d’informations nutritionnelles simples en direction des consommateurs pour les aider à faire des choix éclairés.

L’origine du Nutri-Score remonte à 2017, date à laquelle il a été mis en œuvre en France pour la première fois, à la suite des travaux de l’équipe du Pr. Serge Hercberg (président du programme national nutrition santé et directeur de l’unité de recherche en épidémiologie nutritionnelle), appuyés par l’expertise de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) et du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP). Depuis son lancement en France, plusieurs pays ont décidé de recommander son utilisation : la Belgique, la Suisse, l’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas et le Luxembourg.

Le Nutri-score prend en compte la teneur en nutriments et aliments à favoriser : fibres, protéines, fruits et légumes, ainsi que ceux à limiter : énergie, acides gras saturés, sucres, sel. Après calcul (sur la base de 100 g de produit), le score obtenu par un produit permet de lui attribuer une lettre et une couleur, voir figure suivante (source : https://www.santepubliquefrance.fr/). Pour tenir compte des spécificités de certaines familles d’aliments telles que les matières grasses ajoutées (beurre, huile), les fromages ou encore les boissons, la méthode de calcul du score est adaptée.

À quelques exceptions près (herbes aromatiques, thés, cafés, levures, etc.), tous les produits transformés et les boissons sont concernés par le Nutri-Score. Les produits non transformés comme les fruits et légumes frais ou le poisson frais ne sont pas concernés, de même que les boissons alcoolisées.

Le droit d’utiliser le Nutri-Score est délivré gratuitement, son application est strictement volontaire. Les entreprises souhaitant utiliser le Nutri-Score doivent s’enregistrer sur l’une des plateformes disponibles sur le site de Santé Publique France.

Les réserves citées de façon récurrente concernent principalement le champ du Nutri-score, qui n’inclut pas les éléments suivants : additifs (colorants, conservateurs, émulsifiants, exhausteurs de goût, édulcorants…), composés néo-formés (acrylamide, nitrosamines…), pesticides (insecticides, raticides, fongicides, et herbicides), antibiotiques, ou encore substances migrant des emballages. Ce choix a été assumé dès le début ; les connaissances et technologies actuelles ne permettent pas leur prise en compte. Par ailleurs, le Nutri-score n’a pas la prétention d’être un système d’information global sur la dimension « santé » des aliments, qui est un paradigme différent.

Nous l’avons dit en introduction, l’analyse détaillée des données disponibles, même si elles émanent de Santé publique France, l’organe en charge du Nutri-score montre que celles-ci sont robustes. En mars dernier, n groupement réunissant 270 scientifiques et une vingtaine d’associations d’experts ont lancé un appel à la Commission européenne pour qu’elle adopte « dès que possible » ce système d’étiquetage sur la face avant des emballages d’aliments. Selon eux, le Nutri-score « est le seul logo nutritionnel en Europe à avoir fait l’objet de nombreuses études scientifiques démontrant son efficacité, sa pertinence et son utilité pour les consommateurs et la santé publique ». Le volume considérable des détracteurs du Nutri-score n’entame pas donc notre confiance dans le processus. Le bilan global est clairement positif. Les résultats sont là, les consommateurs suivent la dynamique et en tirent des avantages.

NOVASCORE

Plusieurs études laissant apparaître un lien entre certaines maladies telles que le diabète de type 2 ou encore l’obésité, et la consommation régulière d’aliments ultra-transformés et industrialisés, un groupe de chercheurs épidémiologistes brésiliens ont décidé d’établir un classement des aliments en tenant compte de l’étendue de leur transformation industrielle, plutôt que de leurs simples propriétés nutritives, comme c’est le cas, par exemple, pour le Nutri-score.

C’est ainsi que Carlos Monteiro et son équipe ont promu le Nova-score dans 13 pays, entre 2000 et 2013. NOVA est aujourd’hui une base pour les politiques et décideurs et une référence nutritionnelle dans une large partie du Monde.

Le principe est la ventilation des denrées alimentaires en quatre groupes. Selon la succession de transformations subies, le produit est classé dans l’une des quatre catégories suivantes (voir également le graphe ci-après) :

  • Aliments non transformés ou transformés à minima : graines, fruits, feuilles, muscles, œufs, lait…
  • Ingrédients culinaires transformés : huiles, beurre, sucre et sel… (via pressage, raffinage, broyage…).
  • Aliments transformés : légumes en bouteille, conserves, fromages et les pains frais, par exemple (via conservation, cuisson ou encore fermentation).
  • Aliments et boissons ultra-transformés : additifs, soda, boissons gazeuses, collations sucrées ou salées emballées, viande reconstituée et plats préparés… (via hydrogénation ou l’extrusion par exemple).

Le Novascore et la classification NOVA associée sont à la base des principales recommandations du guide national brésilien pour l’alimentation et la nutrition, d’une part, et elles ont été validées comme outil de référence pour la recherche en nutrition et en santé publique, d’autre part. Elle est également utilisée aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, et même en France pour évaluer l’impact des produits ultra-transformés sur plusieurs plans sanitaires.

EN CONCLUSION

Le Nutri-score s’appuie sur les constats du plan national nutrition et santé. Inévitablement, il répond le plus parfaitement aux enjeux et objectifs d’amélioration de la qualité de l’alimentation en France. Il est soutenu par Santé publique France et dispose des bases de données spécialisées de l’Anses. C’est donc un outil solide en ce qui concerne la qualité des données disponibles.

A l’échelle française, le Nutri-score est devenu une référence en terme de communication… et il domine complètement le Novascore. Grace à sa notoriété, un nom sans équivoque et un barème d’évaluation limpide, il est compris intuitivement de tous. C’est l’outil idéal pour identifier en un clin d’œil les meilleurs produits pour bien s’alimenter… mais faut-il encore le faire de manière durable et responsable !

Références et crédits images :
• Sante Publique France, site Web, mai 2021, https://www.santepubliquefrance.fr/
• Base Ciqual, Anses, site Web, mai 2021, https://ciqual.anses.fr/
• Siga Blog, https://siga.care/blog/classification-nova-et-classification-siga/
> illustration : images issue des chartes produits Nutri-score, https://www.santepubliquefrance.fr/

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