Résumé du 6ème rapport du GIEC
Ce Résumé du 6ème rapport du GIEC – troisième volet (avril 2022) est alarmant. Il traite des options possibles pour contrer ou s’adapter à l’évolution en cours ; les marges de manœuvres en quelques sortes. Voir également notre analyse du premier Volet de ce Rapport.
La situation actuelle a le mérite d’être claire :
- Obtenir un réchauffement sous la barre des +1,5°C en 2100 implique un plafonnement des émissions d’ici à 2025, ce qui est improbable.
- Obtenir un réchauffement sous la barre des +2°C implique une réduction des émissions de 27 % d’ici à 2030 puis de 63 % d’ici 2050. Ce scénario constitue l’objectif actuel.
1. Des responsabilités inégales
Les émissions de GES sont directement dépendantes du niveau de développement des populations. Les 10 % des ménages les plus aisés représentent 36-45 % des émissions totales de gaz à effet de serre alors que les 50 % les plus précaires ne représentent que 13-15 %. Ce constat se retrouve globalement en raisonnant par pays / régions : les pays riches possèdent une empreinte carbone bien supérieure à celle des pays pauvres.
En bleu : émissions liées aux énergies fossiles et à l’industrie ; en orange : changement d’affectation des sols et en gris : autres.
2. Principales pistes d’action, décodage et synthèse
L’arrêt du charbon au coeur du rapport
L’arrêt de l’usage du charbon est le point de départ. La réduction drastique du pétrole et du gaz (60 % et 70 %, respectivement, d’ici 2050 par rapport aux niveaux de 2019) devra suivre. Par ailleurs, le développement d’énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficacité énergétique sont à poursuivre.
Les villes, la piste clé
Les zones urbaines possèdent un fort potentiel de réduction. La part mondiale des émissions attribuables aux villes et agglomérations augmente. En 2020, elle est estimée à 67-72 %. La transition systémique des villes peut conduire à des émissions nettes nulles ; les principales pistes sont : 1) la réduction de la consommation d’énergie et de matériaux, 2) l’optimisation de l’électrification et 3) l’amélioration du stockage du carbone dans l’environnement urbain. L’espoir repose aussi sur la construction effective de bâtiments à émission nulle en 2050.
Transport & agriculture mobilisés
Concernant le secteur du transport, les véhicules électriques alimentés par de l’électricité faiblement carbonée offrent le plus fort potentiel. Les biocarburants, alliés à l’hydrogène à faible émission et aux carburants synthétiques peuvent contribuer à réduire les émissions de CO2 provenant du transport maritime, de l’aviation et du transport terrestre. Ces stratégies portent de nombreux avantages connexes : améliorations de la qualité de l’air, bénéfice en termes de santé, accès équitable aux services de transport…
Enfin l’agriculture sera nécessairement impliquée : une gestion améliorée et durable des cultures et du bétail, (associée à la séquestration du carbone) permettrait une réduction de 1,8 à 4,1 GtCO2e par an. Au niveau individuel, le passage à un régime alimentaire sain, équilibré et durable, couplé à une logique de réduction des pertes et du gaspillage alimentaire pourrait contribuer à une réduction de 2,1 GtCO2e par an. Miser sur l’agriculture durable permettrait également de réduire les émissions de CH4 et de N2O et de libérer des terres pour le reboisement et la production d’énergie renouvelable.
La comptabilité carbone est le point clé. Mesurer son empreinte permet de la reporter à des fins de suivi au niveau national, pour ensuite la limiter. Déposez votre bilan carbone simplement, via nos services.
3. Sobriété, capture du CO2 : nouveaux venus dans le 6ème rapport du GIEC
La sobriété, concept nouveau dans ce résumé du 6ème rapport du GIEC, est également signalé comme à fort potentiel. Vivre sobrement permettrait une réduction des émissions de 40 à 70 % d’ici à 2050. Le GIEC parle plutôt du concept « éviter-changer-améliorer », qui est davantage proactif et mobilisateur. Le Groupe définit une liste d’actions prioritaires : « Éviter les vols long-courrier, vivre le plus possible sans voiture, opter pour un régime alimentaire avec peu de viande, choisir une énergie décarbonée pour se chauffer, préférer les vacances locales, réparer plutôt que racheter… ».
C’est une surprise : la capture du CO2 (non mature à grande échelle à l’heure actuelle) est présentée comme indispensable pour obtenir des émissions nettes nulles de gaz à effet de serre. L’échelle et le calendrier de déploiement sont à planifier dans les secteurs concernés.
Analyse de l’impact de la sobriété dans différents secteurs clés : alimentation, biens de consommation, transport et construction.
4. Les technologies prometteuses hiérarchisées : points clés du rapport du GIEC
Plus globalement, le GIEC évalue le potentiel des principales options technologiques au regard de leur coût. On trouve parmi les plus efficientes : le solaire, l’éolien, la capture du carbone dans l’industrie, la construction de bâtiment à haute performance énergétique ou encore le changement de carburant dans l’industrie.
Concernant le coût lié à ces mutations, la situation est en fait très hétérogène. Les coûts les plus importants sont liés au changement de carburant (du fossile vers des solutions alternatives) ou encore aux mutations qui concernent l’agriculture. Dans le domaine des transports, ces coûts sont plus faibles. Enfin, dans le domaine énergétique, les coûts sont assez linéairement liés au niveau de réduction recherché : les réductions faibles sont accessibles mais les réductions importantes couteront très cher.
Analyse du potentiel technologique pour réduire les émissions de CO2, au regard de leur coût.
5. Décodage : les pauvres et les femmes, premières victimes du dérèglement climatique
Dans ce résumé du 6ème rapport du GIEC, la notion d’inégalité vis-à-vis du dérèglement climatique est centrale. Les 1,3 milliard de personnes vivant dans des conditions de pauvreté avérée seront les plus touchées par le dérèglement climatique, car les moins aptes à se protéger. Ce point est récurrent au long des pages.
Parmi les plus précaires, 70 % sont des femmes. Mais, alors qu’elles jouent un rôle clé dans la production alimentaire mondiale, elles détiennent moins de 10 % des terres. La tension des conditions climatiques à venir les conduira inévitablement à travailler davantage pour garantir leurs moyens de subsistance.
Les femmes font pourtant partie de la solution. Elles peuvent agir efficacement sur la promotion des méthodes d’adaptation et d’atténuation. La collecte et l’entreposage de l’eau, la préservation de la nourriture et son rationnement ainsi que la gestion des ressources naturelles sont des domaines que les femmes ont traditionnellement toujours maîtrisés. Ainsi, le GIEC comme l’ONU proposent les actions suivantes : prendre en compte leur besoins dans la conception et le financement des projets de développement et les intégrer aux décisions aux niveaux national et local.
SOURCES
• « Climate Change 2022 – Mitigation of Climate Change », FULL REPORT, IPCC, April 2022: https://report.ipcc.ch/ar6wg3/pdf/IPCC_AR6_WGIII_FinalDraft_FullReport.pdf
• « Climate Change 2022 – Mitigation of Climate Change », SUMMARY FOR POLICYMAKERS, IPCC, April 2022: https://report.ipcc.ch/ar6wg3/pdf/IPCC_AR6_WGIII_SummaryForPolicymakers.pdf
Crédit images :
> images et image à la Une : Rapport Summary for Policymakers, GIEC, 2022.
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Merci pour cette synthèse ! En partage, je vous propose de découvrir ma série de dessins en cours de réalisation : « Vanité », dont le rapport du GIEC est à l’origine : https://1011-art.blogspot.com/p/vanite.html
et « La robe de Médée » , en ce moment exposition « Tout contre la terre » (Muséum de Genève) : https://1011-art.blogspot.com/p/la-robe-de-medee.html
Et + en vous baladant sur mon site !