Alimentation, climat, environnement, des notions tellement liées…

On le sait ou on le sent, alimentation / nutrition, climat et environnement sont liés. Mais on n’imagine pas à quel point. Bilan factuel et chiffré.

Alimentation et climat : plus de 20% des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France

Commençons par l’essentiel : en France, l’agriculture et l’industrie agroalimentaire sont responsables de 21,5% des émissions de GES (Rapport annuel 2021 du Haut conseil pour le climat) [1]. (Voir également le dernier Rapport du Giec et notre analyse.)

Source : Haut conseil pour le climat, 2021 [1].

Toujours selon ce rapport, les émissions du secteur de l’agriculture ont amorcé leur décrue à partir des années 2000 et elle se poursuit, mais celle-ci est faible. Par ailleurs, cette diminution est principalement portée par les réductions des émissions de méthane (dues à la réduction de la taille du cheptel) : -1,6 %, suivies de celles de protoxyde d’azote : -0,7 % (données 2019).

Le plus puissant levier pour réduire les émissions de gaz à effet de serre

Le rapport « Faire sa part ? Pouvoir et responsabilité des individus, des entreprises et de l’état face à l’urgence climatique », édité par CARBONE 4 en juin 2019 [2] a précisément montré que l’alimentation était le principal levier pour réduire l’empreinte carbone des français.

En effet, le passage généralisé à un régime végétarien (hypothèse de suppression de la viande et du poisson) permettrait de limiter les émissions issues de l’élevage (émissions de méthane par les ruminants) et de la déforestation associée (déstockage du carbone). Il représente à lui seul 10% de baisse de l’empreinte individuelle moyenne, bien au-delà de tous les autres changements de comportements étudiés dans l’étude (voir graphe ci-après).

Source : Carbone 4, 2019 [2].

Gaspillage alimentaire : un fléau social, une catastrophe environnementale

En 2016 le Cabinet Boston Consulting Group (BCG, USA) a évalué à 1,6 milliards de tonnes la nourriture perdue ou gâchée annuellement dans le monde (10 millions de tonnes en France), soit un tiers de la ressource totale (données 2018) [3]. Selon cette même source, le phénomène est en expansion ; on attend 2,1 milliards de tonnes d’ici à 2030.

Ces chiffres sont à associer à d’autres, alarmants : alors que 870 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, les émissions de gaz à effet de serre correspondant à ce gaspillage alimentaire sont évaluées à 8% du total mondial (3% en France). La ressource en eau nécessaire à l’élaboration de ces aliments gaspillés est colossale et est une pure perte. Au problème social et économique s’ajoute ainsi un problème environnemental majeur.

Volume du gaspillage tout au long de la chaîne, selon Boston Consulting Group, 2016 [3].

Alors que faire ?

Au niveau individuel, la limitation de la consommation de viande et de poisson est un levier puissant qui permet, redisons-le, une économie pouvant aller jusqu’à 10% de l’empreinte individuelle.

La lutte contre le gaspillage, au niveau individuel et familial, est également un sujet majeur. Le gaspillage est partout; il n’existe donc pas de recette miracle. Une bonne organisation, de l’approvisionnement à la consommation des denrées, ainsi qu’un calibrage réaliste des portions sont le point de départ. De nombreux outils, comme les applis antigaspillage, permettent également de lutter efficacement.

Tous les autres aspects comptent, et lourdement : le type de production, de conditionnement, d’emballage, de transport… Afin de les prendre en compte globalement, le plus simple est de s’en remettre au nouvel Eco-score (publié depuis janvier dernier). Le calcul du score est basé sur deux indices : 1) l’analyse de cycle de vie qui calcule les impacts environnementaux d’une catégorie de produits, du champ à l’assiette et 2) une pondération via un système de cinq bonus-malus :

  • Existence de systèmes de production labellisés.
  • Origine des ingrédients du produit.
  • Politique du pays en matière d’environnement (normes de rejets, production d’électricité, biodiversité…).
  • « Circularité » de l’emballage  (recyclabilité et intégration de matière première recyclée).
  • Prise en compte des espèces menacées : épuisement du stock de poissons et déforestation massive liée à la culture de palmier à huile (lié au risque de disparition d’espèces).

L’Eco-score peut être affiché via les applis alimentaires, telles Yuka, Scan-up ou Open Food Facts, par exemple. Une étude Ifop / Charal publiée en octobre 2019 [4] a révélé que 25% des français les utilisent et que 80% d’entre eux leur accordent une confiance élevée (c’est le cas également, pour le Nutri-score). Le meilleur moyen, donc, de visualiser les scores environnementaux de vos produits préférés et d’adapter vos choix.

Classification Eco-score, un indice disponible sur toutes les bonnes applis.

Alimentation et climat – Sources

[1] Renforcer l’atténuation, engager l’adaptation, rapport annuel 2021 du Haut Conseil pour le Climat, juin 2021.
[2] Faire sa part ? pouvoir et responsabilité des individus, des entreprises et de l’état face à l’urgence climatique, Carbone 4, juin 2019.
[3] Tackling the 1.6-Billion-Ton Food Loss and Waste Crisis, Boston Consulting Group, 2018.
[4] Usage et impact des applications alimentaires sur l’alimentation des Français, Etude Ifop pour Charal, Octobre 2019.
> illustration : image sous licence, Dreamstime.

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