Plastique : vers 15 % du budget carbone 2050, une envolée à bas bruit

On connait les effets désastreux du plastique sur l’environnement, notamment marin. Mais le plastique impacte également le climat : depuis 2016, différents études et rapports (voir sources) incitent à tirer la sonnette d’alarme : le plastique a représenté environ 4 % des émissions de GES en 2015 et pourrait représenter 15 % du budget carbone 2050, voir les résultats du dernier rapport du Giec et notre analyse.

Alors qu’avec des chiffres équivalents le digital ou l’aérien ont fait leur coming-out et commencent à fédérer des réactions, dans le secteur du plastique on est à la traîne, les chiffres n’impriment pas.

Alors fournissons à nouveau les faits, les chiffres du bilan climatique plastique et les prévisions 2050. Accrochez-vous, on décolle.

Toujours plus de plastique et de CO2

Les chiffres actuels de production de résine plastique et les modélisations d’évolution sont alarmants : la production de plastique a augmenté à un taux de 8,4% annuel depuis 1950, soit une évolution de 2 Mt en 1950 à 380 Mt en 2015. On attend plus d’un Gt en 2050 (voir figure) [1].

Plastique : un budget carbone astronomique

Prendre en compte le plastique sur l’ensemble de son cycle de vie et comptabiliser le phénomène d’accumulation rebat les cartes. Le secteur contribue alors à hauteur de 3,8% des émissions des 47 GtCO2e en 2015 (autant que le secteur du digital) et pourrait représenter 15 % du budget carbone 2050 (sur la base d’un scénario +2°C). Par ailleurs, à cette même échéance (2050), le plastique mobiliserait 20 % de la ressource fossile (au lieu de 1% en 2014). Dans un autre segment, qui est celui de la pollution océanique, des gyres plastiques, le nombre de déchets plastiques serait équivalent à celui des poissons [3].

Source : The New Plastics Economy: Rethinking the future of plastics, Ellen McArthur Foundation, 2016 [3]

Un cycle de vie partout émetteur de CO2

Les chiffres 2015 font état de la répartition suivante [2] :

  1. La production de résine correspond à 61 % des émissions, avec une contribution assez homogène des différentes résines.
  2. La conversion (passage de la résine au produit plastique final) représente 30 %.
  3. Le traitement global des déchets est associé à 9 % du total. L’incinération est l’élément principal (60 %), suivi du recyclage (30 %).

Plastique : origine des émissions de gaz à effet de serre (Eol = End of Life / 1,781 MtCO2e = 1.781 GtCO2e) [2].

Des axes d’amélioration qui méritent d’être investigués

Différentes pistes ont été testées par les auteurs des études en référence afin d’améliorer la situation. Seule la combinaison de toutes ces options permettra la limitation drastique des émissions de GES. Ces pistes sont (hypothèse de mix énergétique stable) [2] :

  1. L’hypothèse du remplacement de 100 %  des plastiques d’origine fossile par des équivalent biosourcés permet de ramener les émissions à 5,6 GtCO2e, soit un gain de 14%.
  2. L’éventualité (bien improbable) d’un recyclage de tous les plastiques permettrait de ramener les émissions à 4,9 GtCO2e en 2050 au lieu de 6,5 GtCO2e, soit un gain de 25%.
  3. Par ailleurs, la réduction de la demande en résine plastique aurait un impact majeur : passer de +4 %/an à +2 %/an permettait d’économiser 45% d’émissions.


Limitation des émissions de GES liées au plastique en 2050 : portée de différentes actions, Natural development, issu de [2]

Plastique & climat – Sources :

[1] Production, use, and fate of all plastics ever made, Jenna R. Jambeck, Law Sci. Adv. 2017
[2] Strategies to reduce the global carbon footprint of plastics ; Jiajia Zheng  and Sangwon Suh ; Bren School of Environmental Science and Management ; University of California, Santa Barbara, CA, USA ; https://www.nature.com/articles/s41558-019-0459-z
[3] The New Plastics Economy: Rethinking the future of plastics, Ellen McArthur Foundation, 2016
From Pollution to Solution: A global assessment of marine litter and plastic pollution, ONU, Report, October 2021, https://www.unep.org/fr/resources/de-la-pollution-la-solution-une-evaluation-mondiale-des-dechets-marins-et-de-la-pollution
(Micro)plastic crisis: Un-ignorable contribution to global greenhouse gas emissions and climate change ; Maocai Shen & al. ; College of Environmental Science and Engineering, Hunan University and Key Laboratory of Environmental Biology and Pollution Control, Changsha, China
> image à la Une : issue de [3]

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